Notice biographique
Né en 1988, Hugo Terracol est un artiste peintre français. Très jeune, il se passionne pour le dessin et la peinture. Il débute à l’âge de 6 ans une formation artistique dans un Atelier d’Art professionnel à La Rochelle. Durant ses 12 années d’apprentissage continu, dispensé par des artistes professionnels, il acquiert de solides techniques en peinture et dessin, ainsi qu’un enseignement en histoire de l’art. À l’adolescence, sa découverte du mouvement de la « Seconde École de Paris » lui ouvre les portes de l’abstraction. Très vite, il choisit ses pères parmi les grands artistes d’après-guerre que sont Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun, Pierre Soulages, Georges Mathieu, Olivier Debré, Hans Hartung, Gérard Schneider, etc.
Ses rencontres avec des artistes abstraits réputés (Wang Yan Cheng, Fabienne Verdier, etc) ont très tôt vivifié chez lui des sensations d’art et ont conforté l’orientation de son travail. Mais la rencontre la plus marquante, qui a définitivement scellé son destin artistique, fut celle avec Zao Wou-Ki, en 2006. Après avoir découvert son travail, le grand maître chinois l’a invité dans son atelier parisien pour dialoguer avec lui de peinture, d’harmonie, de composition, du souffle pictural, etc. À travers cette leçon de peinture inoubliable, moment rare d’échange artistique intergénérationnel et interculturel, Zao Wou-Ki a ouvert l’esprit d’Hugo Terracol à ce qu’inconsciemment jusque là il cherchait à exprimer. Cette rencontre, déterminante à plus d’un titre, a constitué l’élément fondateur de la voie de sa démarche artistique actuelle, l’incitant à poursuivre sa quête picturale avec une énergie, une ferveur et une volonté inaltérées.
En 2006, Hugo Terracol démarre des études d’architecture à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, puis à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette. Elles sont sanctionnées par l’obtention d’un Diplôme d’État d’Architecte avec les félicitations du jury, puis d’une habilitation à exercer la maîtrise d’oeuvre en nom propre. Ainsi partagé entre l’art et l’architecture, Hugo Terracol explore dans ces deux disciplines le rapport à l’environnement, le traitement de l’espace, de la lumière, de la couleur, de la matière, ou encore de la circulation de l’air. À tout juste 21 ans, il démarre ses premières collaborations avec des galeries d’art, séduites par la force et la maturité de son travail. Très tôt, il est exposé aux côtés de grands artistes, comme Olivier Debré et Georges Mathieu, à la Galerie FPL.
Depuis 2007, son parcours a été jalonné d’une cinquantaine d’expositions personnelles et collectives. Il est le lauréat 2022 du Prix Jean-Roch Sauer / Raphaël / Sennelier attribué par la Fondation Taylor, récompensant un peintre qui s’illustre par la qualité et la maîtrise de sa technique. Il a également reçu le 1er Prix de peinture et le Prix du Public aux Rencontres Contemporaines de Beaune 2024.
En 2024, Hugo Terracol figure dans le film « La Trilogie artistique de Zao Wou-Ki » du réalisateur chinois Yao Guo Qiang. Il y évoque sa rencontre avec l’artiste et son regard sur sa peinture. Deux de ses oeuvres sont également présentées dans le documentaire, mettant en lumière la voie artistique que Zao Wou-Ki a laissée ouverte pour une jeune génération de peintres influencés par l’art chinois.
Démarche artistique
Hugo Terracol questionne les éléments immatériels de la nature, c’est-à-dire ce qu’il y a entre les choses : l’invisible, l’indescriptible, l’impalpable. Autrement dit, la lumière, l’air, l’espace, le souffle, l’énergie vitale, les forces telluriques, etc. Conceptuellement, l’artiste s’interroge sur la circulation et la relation entre ces éléments : comment la nature est-elle le résultat sensible des interactions entre les particules de matière, l’énergie et les flux ? Comment le souffle les anime-t-il pour former les grands rythmes et mouvements de la nature ? Comment rendre picturalement sensible et visible cet invisible qui organise la nature ? Pour accompagner la résolution plastique de ces questionnements, l’artiste se nourrit de l’approche picturale des anciens peintres de paysage chinois : méditation, maturation, convocation des éléments.
Il y a dans le travail d’Hugo Terracol une quête irrépressible de l’Orient. En héritier de la tradition chinoise, l’artiste fonde son art sur un équilibre subtil entre le Vide et le Plein. Son oeuvre est à l’image du Souffle primordial, jaillissant et agissant à partir du Vide originel. Les peintures d’Hugo Terracol sont toutes entières parcourues par ce qu’il nomme un Vide « animé », qui l’est par les Souffles, l’air, la lumière et la couleur. L’artiste ne considère pas le vide comme une absence, mais comme une présence autre. La présence de l’imperceptible, de l’indescriptible et de l’impalpable, remplie de poésie et de lyrisme, dans laquelle tout est possible. L’artiste cherche à rejoindre l’immense par l’infime, et à donner par là une présence à l’invisible. C’est à travers l’abstraction qu’il trouve sa liberté d’exprimer ce dialogue entre le visible et l’invisible, le fini et l’infini.
La touche picturale de l’artiste amène le surgissement d’un monde intérieur. Il faut savoir entendre ce qui n’est pas dit, et discerner ce qui n’est pas montré. Hugo Terracol dévoile autant qu’il cache, suggère autant qu’il dissimule, suppose autant qu’il impose. Il célèbre l’harmonie des contraires, dans un jeu complexe de Vide et de Plein, de fixité et de mouvement, de rupture et d’équilibre. Sa peinture hérite esthétiquement de l’art chinois, mais reste techniquement de facture très occidentale. Ses œuvres explorent la profondeur de l’espace pictural par l’interpénétration des plans sans limite. La synthèse artistique qu’il propose se traduit sur la toile par un contraste des matières picturales. Sur des empâtements denses et généreux circulent des rivières de couleur. De subtils glacis se mêlent à des pluies acharnées de projections colorées. De grands aplats vaporeux laissent transparaître les fonds par résurgence. Des éclaboussures de térébenthine percent la couche picturale de trouées abyssales. Le pinceau danse, le geste soutient, manifeste, dit l’intensité.
Pénétrer une peinture d’Hugo Terracol, c’est comprendre la place déterminante de l’harmonie dans le processus de création de l’artiste. Il compose une œuvre telle une partition musicale colorée, où les notes sont remplacées par des touches de couleur, et où la vibration des sons laisse place à la vibration des teintes. Puissante et toute en nuances, subtilité et chatoiement, sa peinture a le goût du bonheur retrouvé. L’œil exulte, tout entier conquis par la beauté. Chercher l’ailleurs, le lointain, le caché, et offrir au tableau sa liberté d’être : tel est le dessein du travail d’Hugo Terracol.